
3 questions à ... Florent Moreau
Artisan fleuriste, Florent Moreau prend les rênes de Valhor, l’interprofession horticole française. Avec trois priorités majeures – mise en valeur des métiers, compétitivité et transition écologique – il entend dynamiser la filière et répondre aux défis posés par le changement climatique.
Comment s’est déroulée votre élection à la présidence de Valhor ?
C’est un processus consensuel et apaisé. L’élection à la présidence de Valhor repose sur un système tournant entre trois collèges de la filière : la production, le paysage et la distribution. Après Catherine Muller, qui représentait la filière paysage, c’était au tour de la distribution dont je suis issu. Cette unanimité montre une réelle harmonie entre les différents acteurs. Maintenant, il est temps de passer à l’action !
Pour moi, le bilan est clair. Du côté de la distribution, l’activité reste stable, mais les perspectives de croissance sont limitées. Notre organisation doit travailler à stimuler l’appétence du public pour le végétal. En production, bien que la qualité soit irréprochable, le nombre d’exploitants diminue constamment. Un phénomène partagé par l’ensemble du monde agricole. Enfin, dans le domaine de l’aménagement paysager, les projets publics et privés liés à l’urbanisme offrent des opportunités intéressantes, même si celles-ci sont parfois freinées par des incertitudes économiques et politiques.

Quelles sont vos priorités pour les trois ans de votre mandat ?
Mon mandat s’inscrit dans un plan stratégique pensé jusqu’en 2030. Il repose sur trois axes principaux à commencer par l’attractivité de nos professions. C’est un enjeu essentiel. Nous devons revaloriser l’image des métiers du végétal pour attirer les jeunes générations, en insistant sur les opportunités de carrière qu’ils offrent. Par ailleurs, je pense que la compétitivité des entreprises passe par des actions concrètes pour faire face au défi de la concurrence internationale. Enfin, la transition écologique nécessite une adaptation continue des pratiques, que ce soit dans le choix des essences végétales ou dans la gestion durable des ressources.
À cela, j’ajoute une ambition personnelle : rendre l’interprofession plus accessible et visible auprès des professionnels. Beaucoup ignorent encore l’étendue des actions menées par Valhor ou leur impact concret sur la filière. Je souhaite renforcer notre rôle d’outil au service des entreprises, tout en les accompagnant dans leur quotidien.
Quels défis spécifiques la filière horticole doit-elle relever face au changement climatique ?
La hausse des coûts de l’énergie reste une problématique centrale. Heureusement, des signaux encourageants émergent, comme la baisse des tarifs de l’électricité ou le recours croissant à des technologies alternatives telles que les pompes à chaleur.
Par ailleurs, le changement climatique impose de repenser en profondeur les modes de production. Dans des régions comme l’Occitanie, les restrictions de l’usage de l’eau deviennent de plus en plus fréquentes. Nous avons travaillé avec les pouvoirs publics pour obtenir des autorisations d’arrosage, en insistant sur le fait que le végétal est un investissement pour l’avenir. Nous devons encourager la diversification des essences plantées et le verdissement des villes, tout en promouvant une gestion raisonnée des ressources en eau. Ces efforts sont essentiels pour rendre nos espaces urbains plus résilients face aux canicules et aux événements climatiques extrêmes.
Ce sont des messages que j’ai eu l’occasion de faire passer à Emmanuel Macron en décembre. Chaque année, Valhor offre un sapin de Noël à l’Élysée. Cela nous donne l’occasion d’échanger directement avec le président et ses conseillers. Nous avons abordé, entre autres, l’importance du végétal pour le verdissement des villes, la nécessité d’un soutien à la production et les difficultés de recrutement. Ces échanges permettent de sensibiliser les services de l’État.