la jardinerie cultive l'excellence

La jardinerie Au Jardin des Plantes à Voglans, en Savoie, est une véritable institution locale. Laurent Gonnet, son dirigeant, perpétue une tradition familiale d’indépendance, de capacité d’adaptation et d’engagement humain.
Le destin de l’entreprise commence par un coup du sort. En 1962, Roger Gonnet doit abandonner son troupeau, touché par une épidémie de brucellose. Il se lance dans l’horticulture. Son épouse, Marie-Thérèse, parcourt les marchés de Savoie pour vendre ses fleurs. En 1988, ils fondent, à Voglans, près d’Annecy, la jardinerie Au Jardin des Plantes. « Mon père faisait ses semis de bégonia dans la salle de bain, se souvient son fils Laurent. Nous produisons encore 60 % des plantes que nous vendons. Nos tables sont pleines du lundi matin au dimanche soir, et c’est un vrai avantage ! »

Avec 8 000 m2 et plus de 50 salariés, la jardinerie a fait le choix de placer l’humain au coeur de son modèle. « La masse salariale, c’est le vilain mot qu’on utilise en ce moment dans le commerce, clame haut et fort Laurent Gonnet. Mais si vous avez un vendeur qui écoute et conseille les clients, la vente devient facile. » La masse salariale représente ici 20 % du chiffre d’affaires, un ratio bien supérieur à la moyenne du secteur. Nous avons des métiers techniques, les vendeurs sont indispensables ! »

Cette attention portée au consommateur se traduit aussi par une boutique en perpétuelle évolution. « Nous avons su changer avec nos clients, poursuit Laurent Gonnet. Par exemple, notre rayon senteur est passé de 10 à 150 m2 en cinq ans. Nous travaillons désormais avec de grandes marques parisiennes. » L’avantage est la réactivité de la jardinerie indépendante...

Le stock, un atout stratégique
Laurent Gonnet insiste sur l’importance du stock. « II y a 20 ans, le stock devait être à flux tendu, mais sans cela, les gammes s’appauvrissent. Et puis il y a une nouvelle réalité. Aujourd’hui, les clients consultent internet avant d’acheter en magasin. Nous devons avoir les produits qu’ils recherchent. »

Cette vision s’accompagne d’un travail de terrain intensif. « Je fais quelques déplacements. Dernièrement, j’étais en Pologne, en Chine, et me voilà aux JdC Garden Trends à Marseille, comme tous les ans. J’ai rarement loupé les JdC Garden Trends. J’y trouve de la convivialité. Je renoue, autour d’un verre, avec les fournisseurs avec qui j’ai déjà travaillé. Je viens aussi chercher de nouveaux grossistes. C’est de la veille : identifier de nouveaux acteurs et ça, c’est très sympa ! »

Après une année 2024 portée par le secteur végétal, le printemps pluvieux a fait des heureux, Laurent Gonnet se montre confiant. « L’entrée de gamme est certes de plus en plus difficile à vendre en jardinerie depuis le Covid, mais la Silver Economy nous ouvre des perspectives. Ces clients recherchent des produits de qualité et du conseil, et ils apprécient qu’on leur livre la marchandise si besoin. »

Mais ce qui résume le mieux la philosophie de Laurent Gonnet, c’est sa capacité à se remettre en question en permanence. « Être singulier, innover, présenter des nouveautés et répondre aux attentes des clients : c’est tout cela qui nous fait avancer. »
« Prenons le temps de développer la nouveauté »
« Une nouveauté, c’est cinq ans de travail si on la développe bien. La première année, on la présente ; la deuxième, on l’améliore ; la troisième, on la décline en couleur ; la quatrième, on propose un kit. Aujourd’hui, beaucoup de fournisseurs veulent aller trop vite et cèdent aux sirènes du volume. Le produit est vite galvaudé et mort au bout de deux ans. Je pourrais citer des tas d’exemples : le four à pizza, la sculpture animalière en pelouse... des feux de paille ! C’est dommage, car une nouveauté bien gérée peut générer davantage de ventes sur cinq ans que sur deux. »
Laurent Gonnet, directeur général Au Jardin des Plantes à Voglans