La végétalisation en ville progresse

C’est un vaste chantier qui s’ouvre. Il va falloir reverdir le milieu urbain pour atténuer les fortes chaleurs comme les pluies diluviennes. Une condition : avoir le savoir-faire…

Les villes n’ont d’autres choix que d’atténuer les épisodes caniculaires qui se succèdent. Une des solutions consiste à végétaliser rues et bâtiments. Les plantes permettent de réduire la chaleur en créant de l’ombrage, mais aussi d’absorber et de réfléchir les rayons du soleil. Les mairies installent des forêts urbaines, des oasis de fraîcheur, des toits végétalisés... « Chaque année, nous désimperméabilisons les sols, nous créons des centaines de mètres carrés de verdure, souligne Jérémy Noble, directeur adjoint Écologie et Nature à Nancy. Nous installons des jardins de façade. Nous végétalisons une partie des places de parking qui se libèrent en raison de la loi sur la mobilité. Celle-ci impose la suppression du stationnement sur les 5 mètres en amont des passages piétons. Néanmoins, il reste beaucoup de contrainte, notamment sur la plantation d’arbres à cause des réseaux… Nous ne négligeons pas le domaine privé. Il représente près de 50 % des 300 ha d’espaces verts de Nancy et les particuliers possèdent 60 à 75 % des arbres. C'est donc un axe primordial. »

Une carte à jouer ?
Les municipalités peuvent demander aux promoteurs de verdir leur projet de construction immobilière. Arnaud Travers, le directeur innovation du groupe Travers, rappelle : « Je pense que nous n’en sommes qu’aux balbutiements de de la végétalisation en ville. Il y a bien une prise de conscience, mais nous n’en sommes qu’à la phase d’essai. Les plantes grimpantes constituent des solutions simples, fiables et adaptables à toutes les situations. Elles ne demandent que des structures légères, des filins, des câbles, des grillages que l’on vient tendre au-dessus des rues. Installés sur les murs, les grimpantes peuvent couvrir jusqu'à 10 m2 sans aucun problème, à l’horizontale comme à la verticale. Pour moi, il y a une carte à jouer pour les professionnels du jardin à condition que les responsables politiques nous fassent confiance d’une part et que nous soyons en mesure d’apporter des solutions techniques d’autre part. »
Cette prise de conscience ne touche pas seulement les professionnels de l’urbanisme, le grand public aussi a évolué. Alors que les citadins s’indignaient, il y a encore quelques années, de l’apparition d’herbes folles ou de l’amas de feuilles mortes sur les trottoirs, ils souhaitent désormais une ville verte.
Trois questions à Patrick Abadie, responsable affaires réglementaires Végétal (Jardineries et Animaleries de France)

Comment voyez-vous la végétalisation urbaine ?
Depuis une dizaine d'années, on assiste à un engouement de la part des Français pour verdir leur balcon, terrasse et jardin. Pour répondre à cette demande, les enseignes ont beaucoup travaillé leur offre. Nos clients aiment cultiver des petits fruitiers, des tomates-cerises, des mini-légumes. Du snaking pour l’apéro ! L’autre utilisation notable du végétal en ville, c’est l’isolation par rapport au voisinage. Je pense aux bacs de bambous ou d’arbustes persistants entre deux balcons.

Que peuvent faire les enseignes face au réchauffement climatique ?
Ce phénomène doit nous pousser à nous conduire en entreprises citoyennes et responsables. Nous devons mener un travail de recherche scientifique. Il nous faut aussi diffuser les bonnes pratiques auprès des jardiniers. Nous pouvons faire évoluer nos gammes vers des espèces (vivaces ou arbustes) sobres en eau. Nous possédons également des espèces et variétés, commercialisés depuis 40 ou 50 ans, pour lesquelles cette sobriété n'a jamais été mise en avant, voire identifiée.

Comment gérer arrosage et canicule ?
C’est un point essentiel. Notre crainte, c'est que nos clients ne puissent plus arroser leurs plantes, nous risquons alors de tout perdre. Malgré la pression médiatique, il faut rappeler qu’arroser n'est pas un acte incivique à partir du moment où on respecte certaines règles… La filière a déjà mis en place des certifications comme le label plante bleue. Les producteurs de végétaux ont, par ailleurs, fait beaucoup d’efforts concernant la gestion de l'eau. Nous travaillons activement sur ce sujet multifacette.

Par David Fouillé