
Une année plutôt difficile
Après une année 2023 morose, le marché du jardinage a encore souffert en 2024. Le contexte économique, tendu, et la météo, pluvieuse, n’ont pas facilité les ventes. Les professionnels ne renoncent pas et se tournent vers 2025.

Le marché du jardinage n’a pas renoué avec la croissance en 2024. Selon les chiffres de l’agence GFK, la chute serait de l’ordre de 4 % par rapport à 2023, une année qui n’avait déjà pas été très bonne. Cette contre-performance s’inscrit dans un contexte de grande prudence des consommateurs. Ils ont limité leurs dépenses en raison d’une inflation encore palpable, comme le souligne une récente étude de l’Insee, et d’une météo peu incitative. L’euphorie post-Covid semble bien loin !
La motoculture est devenue, en 2024, un des piliers du marché. Les tondeuses et débroussailleuses ont particulièrement contribué à cette dynamique. Le segment des phytosanitaires confirme également son essor, porté par une forte demande pour les désherbants. Guillaume Mulleret, directeur market intelligence de l’agence GFK, souligne : “Les consommateurs privilégient désormais des solutions efficaces, mais respectueuses de l’environnement.”
Que de pluie !
Si la météo a bien aidé le secteur de l’outillage, elle en a pénalisé d’autres. Le printemps 2024, période cruciale pour les ventes, a connu une forte baisse, particulièrement marquée dans les catégories comme l’arrosage. C’est simple : les boutiques étaient vides ! Les semences, le mobilier de jardin et tous les produits liés aux loisirs extérieurs ont souffert d’un manque de vitalité. Conséquence : les stocks s’accumulent. Une mévente en partie causée par la crise immobilière. Signe des temps, le nombre de constructions de piscines a baissé pour la première fois depuis longtemps, revenant à 100 000 bassins.
Léa Aden, consultante univers jardin de l’agence GFK, met en garde : “Le marché reste sensible non seulement à la météo, mais aussi aux contraintes budgétaires croissantes des consommateurs. Les catégories jugées non essentielles sont souvent les premières à souffrir.” Ce bilan 2024, marqué par des disparités, n’entame pas l’optimisme des professionnels du jardinage. En 2025, les attentes sont grandes autour de la relance économique et d’une météo plus clémente. Les innovations dans les outils à batterie, les solutions écoresponsables, et les tendances de jardinage urbain pourraient bien redynamiser le marché. L’heure est donc à l’adaptation et à l’innovation pour surmonter ces turbulences. Car, après tout, les saisons se suivent... et ne se ressemblent jamais vraiment.

Un marché à surveiller :
Le secteur du jardinage poursuit son évolution. Comme l’indiquait Manuel Rucar lors de la conférence d’inauguration du salon des JDC Garden Trends l’an dernier, l’entrée de gamme a continué de croître en 2024. Les enseignes comme Aldi ou Action renforcent leurs positions. En parallèle, le secteur premium s’envole, porté par des consommateurs prêts à investir dans des produits haut de gamme alliant qualité et durabilité. En revanche, la moyenne gamme, souvent perçue comme manquant de valeur ajoutée, peine à trouver sa place.
Autre fait marquant : la vente en ligne poursuit son essor. Mais c’est surtout, l’apparition de nouveaux concurrents internationaux qui suscite l’inquiétude. Un nouvel acteur, le site chinois Temu, pourrait bouleverser la donne avec ses prix défiant toute concurrence. L’application fait un carton en France ! La qualité des produits proposés pose question. Elle pourrait limiter à terme son impact. Et surtout, Temu n’est pas rentable à ce stade et broie les producteurs qu’il emploie. Les PME chinoises pourraient se rebeller contre un système d’amende assimilé, pour certains, à du racket. Les autorités chinoises et européennes pourraient aussi mettre le holà.
L'horizon s'éclaircit
Avec une croissance prévue entre 1,2 % et 1,5 % et une inflation sous contrôle, les perspectives pour le marché du jardinage sont encourageantes. Mais entre tensions politiques nationales et incertitudes internationales, le secteur devra rester vigilant. Décryptage.
Que nous réservent 2025 et 2026 ? Sans boule de cristal, on peut miser sur une croissance modérée et une inflation maîtrisée. Selon la Banque de France, la croissance en France devrait atteindre 1,2 % en 2025 et grimper à 1,5 % en 2026. Ces chiffres témoignent d’une reprise progressive après deux années tumultueuses. L’inflation, elle, devrait être contenue à 1,5 % en 2025, avec une légère hausse à 1,7 % en 2026. Ces données offrent un cadre encourageant pour le secteur du jardinage... sauf surprise ! L’aménagement extérieur reste, en France, une passion partagée par 20 millions de foyers. Encore faut-il que les ménages arrivent à percevoir la stabilisation de l’inflation. Ce n’était pas le cas l’an dernier.
Autre motif d’espoir : la baisse attendue des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne. Elle devrait permettre la relance du marché immobilier. Et qui dit déménagements et nouveaux propriétaires dit souvent investissements dans les jardins. Une aubaine pour les acteurs du secteur. Pour l’instant, le bas de laine des Français ne cesse d’augmenter ! Reste un point noir : la remontée du chômage.
Des incertitudes :
Le contexte politique national reste tendu avec une Assemblée nationale sans majorité. Cette situation va perdurer jusqu’en septembre 2025, date possible d’une dissolution. À l’international, les premières années de la présidence Trump aux États-Unis s’annoncent contrastées. La croissance est certes prévue à 2,3 % en 2025. Mais elle pourrait rapidement s’essouffler en 2026 en fonction des décisions économiques, notamment en matière de droits de douane. En Chine, la situation économique est morose. Elle est marquée par un exode des investisseurs étrangers et la crise sans fin de l’immobilier. La faiblesse de la demande intérieure chinoise pousse les entreprises de l’Empire du milieu à casser leurs prix à l’exportation. Elles pourraient grignoter encore plus de parts de marché à leurs concurrentes européennes.
Bonne nouvelle néanmoins ; le conflit au Moyen-Orient semble toucher à sa fin. L’avenir nous dira si les porte- conteneurs pourront reprendre à l’avenir la route du canal de Suez sans risquer de se faire attaquer par les Houthis du Yémen. En Ukraine, après le bruit des canons, les discussions pour la paix ? Les deux belligérants, après 3 ans de guerre, sont à bout de souffle. L’économie russe est en lambeau. Il existe donc des raisons d’espérer.
Si les fondamentaux économiques offrent des perspectives favorables pour le jardinage en 2025 et 2026, les incertitudes obligent à rester prudent. Une chose est sûre : dans un pays où chaque mètre carré de verdure est précieux, le secteur saura s’adapter pour répondre aux attentes de la clientèle. Et les innovations seront encore nombreuses en 2026.
FEU VERT
1. Anti-limaces : +76 %
Les limaces n’ont qu’à bien se tenir ! Avec une météo propice à leur prolifération, les jardiniers ont sorti l’artillerie lourde. Résultat ? Une explosion des ventes, en hausse de 76 %. Un record.
2. Nettoyeurs haute pression : +37 %
Quand la pluie s’invite, la boue suit. Heureusement, les nettoyeurs haute pression ont sauvé les terrasses et les allées. Une hausse de 37 %, c’est presque une standing ovation pour ces appareils.
3. Bottes de jardin : +31 %
Avec un printemps très humide, les bottes sont devenues le “it-accessory” de l’année. À croire que les jardiniers ont pris le style “festival dans la boue” au pied de la lettre.
4. Taille-haies et débroussailleuses : +21
Que ce soit pour sculpter une haie ou dégager un passage, ces outils ont conquis les amateurs de jardinage. Une double victoire pour les tailles-haies et débroussailleuses, qui grimpent toutes deux de 21 %.
5. Tondeuses : +14 %
Les tondeuses n’ont pas chômé cette année ! Entre herbes folles et pelouses à dompter, elles affichent une progression honorable de 14 %. Une vraie success story... à moteur.
FEU ROUGE
1. Arroseurs : -37 %
Pluie sur pluie, les arroseurs sont restés au placard. Avec une baisse de 37 %, ces accessoires ont bu la tasse. La pluie, c’est gratuit, après tout !
2. Programmateurs d’arrosage : -26 %
Pourquoi programmer un arrosage quand le ciel fait tout le boulot ? En baisse de 26 %, ces outils ont clairement perdu la guerre contre la météo.
3. Mobilier de jardin : -8 %
Entre averses et orages, les apéros en extérieur ont pris l’eau. Résultat : une chute de 8 % pour le mobilier de jardin. Même les chaises longues ont préféré rester pliées.
4. Barbecues : -6 %
Malgré un léger sursaut en août (+15 %), les barbecues n’ont pas enflammé les ventes. Une baisse de 6 % qui refroidit les amateurs de grillades.
5. Motobineuses : -2 %
Les sols détrempés ont eu raison des motobineuses. Avec une baisse de 2 %, elles se sont retrouvées dans la boue – littéralement.